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Le Sentier transcanadien—Son histoire, ses bienfaits et ses défis—Interpellation

Le Sentier transcanadien—Son histoire, ses bienfaits et ses défis—Interpellation

Le Sentier transcanadien—Son histoire, ses bienfaits et ses défis—Interpellation

Le Sentier transcanadien—Son histoire, ses bienfaits et ses défis—Interpellation


Publié le 27 septembre 2017
Hansard et déclarations par l’hon. Joseph Day

L’honorable Joseph A. Day (leader des libéraux au Sénat) :

Honorables sénateurs, avant d’entamer mon allocution, je tiens à féliciter le sénateur Watt d’avoir mené la charge en vue de mettre sur pied le comité spécial, que je considère comme très important. J’ai hâte d’avoir l’occasion de prendre part à ses travaux.

Durant mon intervention sur le Sentier transcanadien, vous remarquerez que je fais référence au travail important que l’honorable sénateur a accompli dans l’Arctique en ce qui a trait au réseau de sentiers au Canada.

Honorables sénateurs, je suis heureux de contribuer au débat sur l’interpellation de la sénatrice Tardif concernant l’histoire du Sentier transcanadien, ses bienfaits et les défis auxquels il fait face à l’approche du 25e anniversaire de son existence. Je remercie la sénatrice Tardif d’avoir formulé cette interpellation, et la sénatrice Petitclerc d’avoir contribué de façon importante au débat.

Comme la sénatrice Tardif et la sénatrice Petitclerc l’ont mentionné, le Sentier transcanadien est également connu sous le nom de Grand Sentier. Je ne sais pas pourquoi on change son nom, car j’aime bien « Sentier transcanadien ». J’ai remarqué que les médias utilisent beaucoup le terme « Grand Sentier », peut-être pour évoquer la Grande Muraille de Chine.

Le Grand Sentier est né du rêve du Québécois Pierre Camu et de l’Albertain Bill Pratt.

Ils avaient l’ambition de créer un sentier pancanadien qui unirait non seulement les collectivités canadiennes, mais aussi les Canadiens. Le projet du Sentier transcanadien a été lancé officiellement en 1992, l’année du 125e anniversaire du Canada.

J’avais espéré prononcer ce discours avant l’été et parler des 432 sentiers qui sont maintenant intégrés au réseau. Avant l’été, ils représentaient 91 p. 100 du Grand Sentier prévu.

L’objectif était de finir les 9 p. 100 manquants en 2017, année qui marque à la fois le 150e anniversaire du pays et le 25e anniversaire du Grand Sentier.

Honorables sénateurs, j’ai le plaisir de vous confirmer que cet objectif a été atteint. Le Grand Sentier est maintenant complètement raccordé.

Des voix : Bravo!

Le sénateur Day : Ce moment historique a été célébré le 26 août dans toutes les provinces et tous les territoires. Plus de 200 activités se sont déroulées ce jour-là. L’événement national s’est tenu ici, à Ottawa. Le gouvernement général, le très honorable David Johnston, a prononcé quelques mots. Bien que le sentier ne soit pas encore terminé, il est complètement raccordé. Ses 24 000 kilomètres relient les océans Atlantique, Pacifique et Arctique; le sentier va vraiment d’un bout à l’autre du pays. Il traverse chaque province et territoire, et relie les Canadiens de plus de 15 000 collectivités. Il s’agit véritablement d’un grand projet national et nous espérons que des milliers, sinon des millions, de Canadiens et de visiteurs continueront de veiller à la préservation et à l’exploration de ces sentiers pour les années et les générations à venir.

La sénatrice Tardif a parlé de la vision pour le sentier et des défis liés au projet. Comme elle l’a dit, l’un des plus grands défis associés au sentier découle de l’une de ses caractéristiques uniques. C’est son talon d’Achille, pour reprendre son expression.

Il s’agit du fait que chaque tronçon du sentier, dans chaque province et territoire, est différent. On s’en sert différemment, on les finance différemment et on les entretient de façons différentes. La sénatrice Tardif nous a parlé des problèmes qui en ont résulté, y compris les exemples les plus tragiques, les terribles accidents survenus sur certaines parties du réseau, où le sentier a été dévié sur une autoroute. Elle a parlé du nombre grandissant de personnes qui réclament des normes nationales de sécurité entourant la construction et l’accès le long du sentier. La sénatrice Petitclerc a exprimé son appui à l’égard de l’amélioration de la sécurité sur le sentier. J’ajoute ma voix à la sienne.

Je suis encouragé de voir que les responsables reconnaissent que le sentier ne sera jamais vraiment terminé, mais, plutôt, qu’il est en constante évolution et, plus important encore, qu’il fait l’objet d’améliorations constantes.

Leur site web l’indique. Il ne s’agit pas d’une zone interdite aux voitures; il y a certains tronçons qu’il faut partager avec des véhicules motorisés. Le site web du Sentier transcanadien indique ce qui suit :

La majorité des tronçons routiers sont sur des routes secondaires ou rurales qui sont beaucoup moins achalandées que les grandes autoroutes. Dans certaines régions, les routes constituent le parcours privilégié pour le Grand Sentier; dans d’autres régions, elles ne constituent que des points de jonction temporaires, en attendant qu’une voie verte ou navigable puisse être aménagée.

J’espère que d’autres améliorations seront apportées au sentier existant et qu’il y aura aussi des occasions pour nous tous de contribuer à façonner son avenir.

Je serais très heureux qu’un règlement soit adopté pour interdire certains sentiers aux véhicules à moteur. Il s’agirait d’une politique axée sur la sécurité que j’appuierais certainement. Je trouve encourageant que, dans le budget de 2017, le gouvernement se soit engagé à investir 30 millions de dollars sur cinq ans pour « achever, améliorer et entretenir le Sentier transcanadien, en partenariat avec les provinces et la population canadienne », qui partagent la vision du Sentier transcanadien.

L’importance de la collaboration est un aspect essentiel du Sentier transcanadien alors que nous mettons en valeur les différentes façons dont les sentiers sont reliés ainsi que les gens qui ont aidé à les créer, car, bien sûr, ces sentiers ont forgé notre pays. L’un des aspects les plus marquants du Sentier transcanadien, et l’une des raisons pour lesquelles il a été si judicieusement lié au 150e anniversaire du pays, c’est que les nouveaux sentiers ne nous aideront pas seulement à établir des liens entre nous, mais aussi à établir des liens avec notre passé.

Les sentiers sont des témoins de notre histoire. Ils sont la cartographie de notre pays, qu’il soit question des premiers sentiers créés par les Premières Nations, les Métis et les Inuits, ou de ceux qui ont été défrichés et empruntés par les premiers colons tandis qu’ils sillonnaient la terre et les eaux du territoire que nous appelons maintenant le Canada.

En octobre dernier, notre collègue, le sénateur Watt, a organisé une présentation de M. Claudio Aporta, de l’Université Dalhousie, ici au Sénat. M. Aporta a travaillé avec des chasseurs et des aînés inuits pour cartographier les sentiers traditionnels et actuels empruntés par les Inuits et, en octobre dernier, lui et le sénateur Watt ont partagé ces cartes avec le Sénat et le public. Cartographier ces routes est essentiel pour nous aider à comprendre l’importante histoire du Nord canadien. Ces sentiers nous montrent comment les Inuits accédaient à des sources de nourriture et de carburant. Il nous apprennent où les liens ont été établis entre les communautés, et ils nous aident à mieux comprendre à quel point les Inuits connaissaient bien les océans adjacents et la glace marine.

Une partie du Sentier transcanadien chevauche certaines des routes traditionnellement empruntées par les Inuits. Le sentier Itijjagiaq, mot qui veut dire « au-delà des terres » en inuktitut, longe à la fois la terre et l’eau au Nunavut. Le trajet de 177 kilomètres qui relie Iqaluit à Kimmirut est un sentier de randonnée en été et un sentier de traîneaux à chiens et de motoneiges en hiver. Le sentier Itijjagiaq a été officiellement intégré au Sentier transcanadien en novembre dernier, de sorte que la section du Nunavut est entièrement reliée au réseau.

Le Nunavut est la sixième province ou territoire à être entièrement relié au réseau, après Terre-Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard, le Yukon, la Saskatchewan et ma propre province, le Nouveau-Brunswick, qui vient d’être entièrement relié au réseau sur un trajet de plus de 900 kilomètres qui le raccorde au Québec, à l’Île-du-Prince-Édouard et à la Nouvelle-Écosse. Voilà le trajet du sentier au Nouveau-Brunswick.

Au Nouveau-Brunswick, nous avons déjà toutes les raisons d’être fiers du parc linéaire appelé sentier Fundy. Ce parc spectaculaire de 2 559 hectares fait partie non seulement du Sentier transcanadien, mais aussi de deux sites du patrimoine mondial de l’UNESCO : le géoparc mondial Stonehammer et la réserve de biosphère de Fundy. Les sites comprennent des belvédères et des sentiers panoramiques ainsi que des plages et un pont suspendu pour piétons. Il y en a pour tous les goûts, que l’on aime marcher, faire du vélo et du kayak, ou conduire.

La baie de Fundy est l’une des plus belles attractions naturelles du Nouveau-Brunswick que l’on peut admirer du sentier du même nom, tout en étant en contact avec l’écosystème délicat de l’escarpement.

J’encourage tous les honorables sénateurs à ne pas rater l’occasion de visiter cet endroit magnifique qu’est le sentier Fundy dans le Sud du Nouveau-Brunswick.

En préparant mes observations aux fins de cette interpellation, je me suis surpris à penser aux similarités qui existent entre le Sentier transcanadien et le corridor national de commerce dont il a été question au Comité sénatorial permanent des banques et du commerce. Nous avons entendu d’intéressants témoignages sur les défis que présente la création d’un tel corridor et qui ressemblent sans doute à ceux qu’a présentés le Sentier transcanadien. De toute façon, chaque entreprise fera beaucoup pour rapprocher les collectivités et le pays.

La réalisation du Sentier transcanadien, fondée sur la collaboration, nous donne espoir quant à la possibilité de créer un corridor commercial national.

La nécessité de devoir gérer un projet d’envergure nationale tout en tenant compte des préoccupations des provinces, des territoires et des peuples autochtones n’a rien de nouveau pour nous. Les projets d’une telle complexité exigent vision, détermination et compromis.

Le projet du Sentier transcanadien a été lancé il y a 25 ans et ce n’est que cette année que le sentier a enfin été entièrement raccordé, mais le travail n’est pas terminé. Le dévouement soutenu exigé par la réalisation de tels projets met en évidence la vigueur de notre leadership. Chaque réussite vaut en elle-même la peine d’être soulignée.

Le sentier est un symbole important pour le Canada, un symbole qui illustre le lien entre le passé et le présent et offre un chemin vers l’avenir. Il nous rappelle que, bien que notre pays soit vaste, certaines choses nous lient.

J’invite tous les honorables sénateurs à trouver un tronçon du Sentier transcanadien près de chez eux et à prendre le temps de l’explorer.

Voilà une belle réalisation qui mérite des félicitations!

Des voix : Bravo!

L’honorable Claudette Tardif : Le sénateur accepterait-il de répondre à une question?

Le sénateur Day : Oui.

La sénatrice Tardif : Je remercie mon collègue d’avoir participé de façon aussi éloquente à cette interpellation et d’avoir amélioré nos connaissances et notre compréhension du Sentier transcanadien dans toutes les provinces du pays. Je suis aussi très encouragée par les progrès et par l’investissement financier qui ont été faits afin d’ajouter des réseaux de connectivité entre les différents tronçons.

Lorsque j’ai commencé mes recherches sur le Sentier transcanadien, j’ai constaté une grande collaboration entre les diverses provinces, mais j’ai aussi constaté de nombreux défis. Vous y avez d’ailleurs fait allusion. Je pense aux sentiers qui sont de qualité variable et à certains sentiers qui s’alignent sur de grandes routes, et qui mettent ainsi potentiellement à risque la sécurité des usagers. Je songe aussi au fait que des véhicules récréatifs motorisés peuvent circuler sur ces routes, alors que les gens empruntent normalement ces routes pour y faire de la marche, de la course, de la bicyclette et ainsi de suite.

Croyez-vous que le gouvernement fédéral ait un rôle à jouer pour en faire davantage afin d’assurer la sécurité des usagers?

Le sénateur Day : Tout d’abord, je remercie la sénatrice d’avoir lancé cette interpellation, car j’ai trouvé très agréable d’étudier ce parcours transcanadien.

Je crois que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer et, en particulier, un rôle financier puisque, comme je l’ai dit dans mon discours, il verse une somme d’environ 30 millions de dollars sur une période de cinq ans afin d’aider les provinces et les territoires.

Toutefois, malgré la présence du gouvernement fédéral à des réunions avec les provinces en vue d’établir des standards communs pour tous, l’accord des provinces et des territoires sera nécessaire afin d’élaborer les règlements. Comme vous l’avez dit dans votre discours, c’est à cette étape que l’on éprouve parfois des problèmes. J’espère que la situation continuera de s’améliorer, mais il faut se rappeler qu’elle est bien meilleure maintenant qu’elle ne l’était il y a cinq ans.